15 novembre 2021

 

Créer un nouveau programme collégial en administration en combinant trois formations déjà existantes, c’est le projet du ministère de l’Enseignement supérieur. L’idée ne fait toutefois pas l’affaire de tous.

Ce qui est proposé semble déconnecté de la réalité, affirme d’emblée Micheline Rioux, trésorière à la Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) et professeure en administration au cégep de Drummondville.

En février 2019, le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) annonçait sa volonté de mettre en place une nouvelle offre de formation au collégial en administration. Ce nouveau programme d’études en « Techniques de l’administration » regrouperait différentes compétences des trois programmes d’études que sont Techniques de comptabilité et de gestionGestion de commerces et Techniques de bureautique. Ces programmes seraient donc abolis.

UNE COALITION POUR FAIRE PRESSION

Au printemps 2021, une coalition regroupant la CSQ et d’autres organisations syndicales, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ainsi que des regroupements d’employeurs s’est formée afin de presser le ministère à faire marche arrière.

Au fil des mois, un nombre croissant de représentants du marché du travail s’est joint à la coalition, signe que les préoccupations soulevées visent juste. D’après le regroupement, les trois programmes d’études doivent être maintenus, et une étude plus approfondie du marché du travail doit être réalisée afin de bien évaluer les besoins et de contrer la pénurie de main-d’œuvre dans ce secteur d’emploi. Les effets de leur abolition seraient néfastes non seulement sur l’attractivité des études en administration, mais aussi sur le maintien en emploi des personnes diplômées.

« Il est vrai que la révision des trois programmes d’études est nécessaire, reconnait Micheline Rioux. Cependant, créer un programme qui formera des généralistes va à contrecourant des besoins du marché du travail. »

D’AUTRES PERSONNELS TOUCHÉS

Outre le personnel enseignant, cet enjeu concerne le personnel de soutien qui occupe généralement les postes auxquels mènent les programmes d’études visés. Selon la présidente de la Fédération du personnel de soutien de l’enseignement supérieur (FPSES-CSQ), Valérie Fontaine, une réflexion s’impose en lien avec la mobilité du personnel et la pénurie de main-d’œuvre, mais la solution ne passe pas par la fusion des offres de formation. « Ce n’est pas en formant des généralistes que l’on résoudra ces enjeux. Les solutions se trouvent notamment dans le développement professionnel, et les mesures d’attraction et de rétention », précise-t-elle.

Des consultations avec le personnel enseignant sur le projet du MES seront entreprises à l’hiver 2022. D’ici là, la coalition entend poursuivre ses pressions pour le maintien des trois programmes collégiaux.